Les recettes inciviques

Un groupe de femmes se réunit pour cuisiner et vendre de la soupe afin de couvrir leurs besoins financiers. « Mais pour tout ça, il va falloir en vendre des litres de soupe. On n’a même pas un bon petit couteau. » Elles recherchent donc d’autres solutions pour « trouver de l’argent facilement ».

Pitch :

D’abord /

D’abord, il y a l’Etienne /

Qui est mort comme un melon / Qui se promène tout en rond / Qu’est plus qu’un ectoplasme /

À moins que ce ne soit Serge / Ou encore le Gustave… / Mais p’t-être bien qu’c’est l’ Curé /

Celui qui porte son asthme /

Enfin, Un revenant quoi / Celui de l’homme / Qui est ou qui n’est pas

Qui n’a pas essayé / De monter d’un air grave / Sur le patriarcat / Mais le prix il va l’payer /

Et puis /

Et puis, y a les autres /

Y a surtout toutes les autres / Le groupe des femmes / « Des femmes de la soupe » /

Qui au milieu de tout ça / Cherchent à faire de l’argent / Mais ce ne sera pas assez /

Il faut un très bon plan / Pour se faire de l’argent /

« Et quoi, quand une femme veut gagner sa vie elle doit vendre ses charmes ? Il n’y a pas d’autres débouchés ?… »

« On va finir comme des vieilles commères, des mégères ! Impossible »

« Vous croyez quoi, que l’indépendance ça existe vraiment ? »

Parce que, dans le fond… Il n’y a qu’une chose de vrai :

« Ça emmerde les autres quand on vit pas comme eux ».

Distribution :

Écriture collective : Gisèle Prégadien, Aline Clesse, Mariette Jennes, Mary Fissette, Lucie Antoniol, Stefan Bastin.

Jeu : Wivine Rombauts, Zoltan Veso, Gisèle Prégardien, Aline Clesse, Mariette Jennes

Mise en scène et dramaturgie : Stefan Bastin

Scénographie et Mise en lumière : Arnaud Lenoir

Processus de création :

C’est la fin de la tournée de leur toute première création (Toutes des Japonaises). Elles décident de fêter cela au restaurant. Et, ce joyeux diner tourne au fiasco. Le choix du resto, de la table, des plats, le constat des prix, un courant d’air, le bruit venant des cuisines, les serveurs qui ne sont pas avenants… tout est propice à discussion, à désaccord. Les tensions accumulées par le groupe durant la tournée qui se clôture se déversent tout à trac. Et finalement, ce moment devient un joyeux désordre vinaigré.

Le voilà le point de départ de la nouvelle écriture. La scène est rejouée en atelier de création collective, mais, dans un restaurant, nous ne trouvons pas le ressort de l’action théâtrale : « on est assise et on parle, c’est plat comme une crêpe». « Et si on faisait un gros bouillon… dans une cuisine ? ». Les premiers mots écrits sont rassemblés et transférés dans une casserole. Tout se passera aux fourneaux. Une seule consigne : « ça emmerde les autres quand on ne vit pas comme eux ».

Petit à petit la sauce prend et naissent ainsi « Les recettes inciviques ». Nous pensions à un petit repas, préparé sur le pouce en quelques mois… Nous étions, en fait, partis pour un long temps d’affinage et de fermentation.

Le texte sort à peine du four que la crème tourne. Un ingrédient s’en va. Têtes pressées et pieds de cochons, les recettes écrites pour cinq langues de bœuf sont remises sur le feu. La transformation en quatre-quarts gagne en rythme et dynamique.

À peine levée, la nouvelle pâte absorbe la fameuse Covid19. Ce projet serait-il maudit ? Après 2 ans d’écriture, après une réduction sur le grill des premières répétitions, la voilà déposée dans un frigo. Allons-nous perdre nos saveurs ? Ouf, les ingrédients tiennent bon dans cette période de conservation forcée. Quoique… La chaleur de l’été fait encore fondre le groupe : un quart s’évapore, mais le reste du groupe est toujours lié en bouquet à son amour pour le texte. Faut-il devenir un trio de bonnes pâtes al dente? Non ! Une remplaçante est incorporée trois semaines avant la première représentation test. Cela est fait aussi délicatement que possible afin de garder le moelleux et l’authenticité. Et, le banquet est réussi ! Enfin ! Mais le fond de sauce s’est trop dilué… On ne distingue plus tous les ingrédients. Il manque une pincée de sel…

C’est à ce moment-là que nos microondes cérébrales font « Tilt »… Il nous manque un ou plusieurs fantômes évaporés, afin d’ouvrir et relever ce spectre du féminisme. L’exhausteur est ajouté et la traversée du second confinement peut se dérouler sans heurts. Le breuvage est mis en bouteille.

Nous voilà prêts à vous servir nos toutes fraiches « recettes inciviques », avec ou sans mousse.

A consommer sans modération, l’abus de théâtre ne peut jamais nuire à la santé de la société.

Note d’intentions :

Le groupe « Les pieds qui votent » veut porter le combat du féminisme sur un autre plan que celui de la confrontation et de la revendication manifeste. Les membres de ce collectif pensent que les victimes du patriarcat sont partout… chez certains hommes aussi. Comme le disait « Toutes des japonaises » : Ca commence par les femmes au foyer et ça continue par les hommes au front.

Ce sont : la brutalité, la prise de pouvoir, l’emprise,… qui doivent être interrogées. Si ces questions sont actuellement dans les mains d’un patriarcat dominant, elles le seraient tout au temps dans les mains d’un matriarcat dominant… seules des nuances se remarqueraient.

La question est donc : la domination, sous quelles formes et de quels droits ? Comment se concilier une vie collective de la salle du village à la sphère maximale ? Qu’est-ce qui crée conflit ? Qu’est-ce qui crée accord ? Quelle place pour la différence ? Et si on sort du système,… on entre dans quoi ?

Tout se passe dans la relation à l’autre… Est-il un enfer ou un paradis ?

Les créations collectives de Roulotte Verte et Cie se veulent tout aussi divertissantes et drôles en surface que profondes. Les portes d’entrées et les couches de lectures sont multiples sans pour autant s’effacer l’une l’autre. L’histoire peut se regarder par son axe dramatique premier,  la réussite jouissive d’une action illégale habituellement réalisée par des hommes. Mais aussi par le prisme : ensemble, au-delà de nos divisions, tout est possible. Ou encore : lorsque nous osons quitter la zone de confort de nos croyances égotiques, où allons-nous ?… Des spectateurs viennent et reviennent pour savourer les lectures différentes qui sont inscrites dans les multiples couches de ce spectacle faussement léger et amusant.

 Travailler professionnellement avec tout un chacun.

Dans notre société culturelle, nous sommes habitués aux deux catégories : d’un côté les professionnels ; et, de l’autre les amateurs… Deux cases que certains voudraient distinctement étanches. Ce n’est pas le choix de Roulotte Verte et Cie qui, depuis 1991, pratique un théâtre « comme pour des professionnels, mais en mieux » (Stanislavski).

Être debout face à d’autres personnes et prendre la parole… Ce n’est pas une évidence pour tout le monde. Mais cela peut le devenir pour tout un chacun, individuellement et collectivement.

Notre mission est non seulement de partager les outils, de permettre leur utilisation par le plus grand nombre ; mais aussi, de promouvoir et diffuser cette prise de parole commune.

Cette manière de faire met en évidence le fondement du théâtre, le partage d’une émotion. Peu importe le texte, le contenu, le message ce qui passe avant tout c’est l’émotion qui transporte l’acteur des coulisses aux planches, puis des planches aux fauteuils de spectateurs.

Mais notre théâtre comporte une composante importante : œuvrer à la résolution des conflits et à la recherche du bien vivre ensemble dans les sphères micro et macro sociales ; œuvrer à la construction d’une société inclusive et aux pouvoirs partagés. (Pour plus d’information voir : www.roulotteverte.be/nos-valeurs/ ).

Une création collective n’est pas un sous-théâtre avec des sous-moyens qui serait compensé par la nature et la fraicheur d’un engagement des acteurs. Notre engament est de mobiliser les ressources comme pour le théâtre adulte classique, mais en mieux. Nous avons donc la prétention d’une valeur ajoutée à une esthétique artistique conservée ou développée.

Fiche technique :

Durée : 55 minutes

Montage : 1h30

Démontage : 1h30

Eclairage et son : Nous avons notre propre régie basse tension, une prise 16A suffit.

Espace (intérieur, extérieur ou sous chapiteau) : ouverture 8m, profondeur 3 à 4m minimum, Hauteur 2m70.

Nous pouvons jouer en tout lieu en venant avec notre chapiteau léger.